Quand vient le temps de renouveler une hypothèque, on a parfois tendance à signer rapidement, sans trop se poser de questions. Pourtant, ce moment — qui revient plusieurs fois au cours d’une vie — peut avoir un impact direct sur vos finances à court, moyen et long terme.
Dans un contexte où les taux d’intérêt sont plus élevés qu’il y a quelques années et où les taux variables fluctuent beaucoup, certaines décisions peuvent alléger votre budget… ou au contraire, vous placer dans une situation plus fragile. Cet article vise à vous aider à mieux comprendre les étapes du renouvellement, les pièges à éviter et les options qui s’offrent à vous.
Comment fonctionne un renouvellement hypothécaire?
Le renouvellement hypothécaire marque la fin d’un terme et le début d’un nouveau contrat pour le montant restant de votre prêt (les termes les plus fréquents sont de 1, 3 ou 5 ans). C’est l’occasion de négocier le taux d’intérêt, de revoir la durée du remboursement ou même d’envisager un refinancement.
Au moment de renouveler, vous pouvez :
- Accepter l’offre de renouvellement de votre prêteur actuel
- Magasiner les conditions auprès d’autres institutions financières
- Être accompagné par un courtier hypothécaire pour comparer les options et obtenir un taux plus avantageux
Mieux vaut commencer à regarder vos options 4 à 6 mois avant la fin de votre terme. Ça vous laisse le temps de magasiner les taux, de parler à un courtier si besoin, et de réfléchir aux ajustements possibles sans stress. Certains prêteurs vous permettent même de bloquer un taux jusqu’à 120 jours d’avance — pratique si les taux sont volatiles.
Hausse des taux d’intérêt : un impact direct sur votre budget
Le contexte actuel a vu les taux d’intérêt grimper considérablement par rapport à ceux offerts il y a 3 ou 5 ans. Pour les propriétaires qui avaient un taux avantageux, le choc peut être important au moment du renouvellement.
En 2020, plusieurs emprunteurs obtenaient un taux fixe de 2 % ou moins. En 2025, ce même type de prêt se situe plutôt entre 5 % et 6 %. Sur un prêt hypothécaire de 300 000 $ amorti sur 25 ans, le paiement mensuel passe d’environ 1 270 $ à plus de 1 840 $ — soit plus de 570 $ de différence chaque mois.
Si vous conservez le même amortissement (par exemple, 15 ans restants), cette hausse peut mettre votre budget sous pression, surtout si l’effet de la hausse du coût de la vie se fait déjà sentir. C’est pourquoi il est essentiel de prendre le temps d’évaluer vos options avant de signer un renouvellement.
Allonger l’amortissement : un soulagement à court terme
L’une des façons de compenser la hausse des paiements est d’étendre la période de remboursement de votre prêt. En allongeant l’amortissement, par exemple en passant de 15 à 20 ans, le paiement mensuel devient plus abordable.
Cette solution peut effectivement offrir un répit. Mais elle vient avec une contrepartie importante: le coût total de l’hypothèque augmente, car vous payez plus d’intérêts sur une plus longue période.
Dans certains cas, ce compromis est nécessaire pour souffler un peu. Il n’est pas mauvais en soi, mais il est essentiel de comprendre ce que ça signifie à long terme, notamment en ce qui concerne l’équité accumulée dans la maison ou condo et la préparation à la retraite.
Refinancer pour rembourser ses dettes : attention aux pièges
Renouveler son hypothèque peut aussi être une occasion d’emprunter un peu plus que le solde restant. Ce refinancement s’appuie sur l’équité accumulée dans la maison — la valeur que vous avez déjà remboursée et la prise de valeur du bien. L’argent emprunté en plus peut servir à rembourser des dettes à taux plus élevé, comme les cartes de crédit.
Sur le papier, ça semble logique : on remplace des dettes à taux élevé par un prêt à taux plus bas. Mais dans les faits, on étend les dettes sur une très longue période, ce qui peut les rendre encore plus coûteuses à long terme.
Et surtout, si les cartes de crédit restent actives et que les habitudes ne changent pas, le risque est grand de retomber dans l’endettement. C’est pourquoi il est crucial d’avoir une stratégie et d’intégrer cette décision à un plan plus large de redressement financier.
Garder un œil sur ses objectifs à long terme
Dans la logique quotidienne, il est normal de chercher à alléger ses paiements. Mais il ne faut pas oublier la vision d’ensemble : l’hypothèque est aussi un outil pour bâtir de la valeur.
Plus vous remboursez rapidement votre prêt, plus vous accumulez de l’équité. Et à l’approche de la retraite, une propriété payée représente un filet de sécurité important, surtout quand les revenus diminuent.
Et si vous aviez signé à un taux élevé?
Vous avez peut-être renouvelé ou acheté votre propriété à un moment où les taux étaient à leur plus haut, sans trop de marge de manœuvre. Maintenant que certains parlent d’une éventuelle baisse, vous vous demandez peut-être s’il serait possible de renégocier.
C’est possible, mais pas sans frais. Rompre votre contrat hypothécaire avant la fin de votre terme entraîne presque toujours une pénalité. Son montant dépend du type de taux, du temps qu’il reste et des conditions de votre prêt. Changer d’institution ou rouvrir l’hypothèque peut aussi engendrer des frais de notaire, d’obtention d’un certificat de localisation, et autres.
Si votre budget est déjà serré, mieux vaut vérifier si cette décision vous soulagerait réellement — ou si elle risque d’ajouter une pression supplémentaire. D’autres avenues pourraient vous aider à alléger vos obligations.
Chaque décision prise aujourd’hui — prolonger, refinancer, renégocier — a un impact futur. Trouver un équilibre entre soulagement immédiat et stabilité à long terme devient donc essentiel.
Si votre principal souci au moment du renouvellement, c’est de réduire vos paiements mensuels, ça vaut la peine d’en parler avec un expert.
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